La Côte d'Ivoire s'est illustrée en tant que championne d'Afrique à l'issue d'une campagne singulière et mémorable. Éliminée suite à une défaite face à la Guinée Équatoriale, sa survie ne fut garantie que par la victoire du Maroc. Depuis lors, elle a révoqué son entraîneur, surmonté des obstacles apparemment insurmontables jusqu'à ce dimanche où le Nigeria lui a opposé une résistance farouche. Ce sacre s'avère prodigieux et extravagant.
Jamais, en vérité, ils n'auraient dû parvenir jusqu'au bout. En réalité, jamais ils n'auraient dû accéder aux huitièmes de finale. Les Ivoiriens sont désormais champions d'Afrique à l'issue d'une Coupe d'Afrique des Nations remarquable. Le moment décisif ? Celui où le Marocain Hakim Ziyech a marqué contre la Zambie (1-0). Cette victoire du Maroc, déjà qualifié avant le match, a permis aux Éléphants d'accéder à la phase finale, expliquant ainsi la présence de Max-Alain Gradel brandissant le drapeau marocain lors de la célébration du trophée ce dimanche. Malgré deux défaites en phase de groupes et l'humiliation subie face à la Guinée Équatoriale (0-4), la progression aurait dû s'arrêter là.
Ce soir-là, le stade grondait, les joueurs pleuraient. Personne n'aurait pu prédire la suite des événements ce 21 janvier, alors que l'équipe nationale était devenue "la honte de la nation", selon les propos très forts de Franck Kessié. Surtout pas Jean-Louis Gasset, arrivé en cours de route. Les Ivoiriens aspiraient à Hervé Renard, mais ont dû se contenter d'Emerse Faé, pas vraiment préparé à occuper de telles fonctions. L'ancien joueur du FC Nantes n'avait jamais endossé le rôle d'entraîneur principal. Pourtant, le voilà désormais champion d'Afrique, seulement trois semaines après avoir été appelé à combler l'urgence de la situation.
Le sauveur de la nation est, bien entendu, le premier entraîneur à avoir été nommé en cours de compétition et à remporter le trophée. De même, la Côte d'Ivoire est la première équipe à réussir l'exploit de remporter une Coupe d'Afrique des Nations après avoir subi deux défaites en phase de groupes. C'était impensable, et pourtant, ils l'ont réalisé. Si les coéquipiers de Max-Alain Gradel doivent leur présence en huitièmes de finale au sérieux du Maroc, ils doivent leur fantastique parcours depuis lors uniquement à eux-mêmes. Le Sénégal, le Mali, la République démocratique du Congo et le Nigeria n'ont pas résisté à la résurgence ivoirienne.
Cependant, dans ce tournoi où rien n'a été simple, il convient de se rappeler que les Éléphants n'ont mené que pendant 34 minutes sur les 420 minutes de la phase finale, alors qu'ils ont été menés au score pendant plus de deux heures. Il a fallu un penalty à la 86e minute contre le Sénégal, un but à la 90e et un autre à la 120e contre le Mali pour continuer à espérer dans une compétition où la victoire leur a souvent échappé. Même le Nigeria y a cru, lui qui n'avait pas perdu à la CAN après avoir pris l'avantage depuis 14 ans... Mais rien n'a pu résister à cette équipe ivoirienne, ni la logique, ni le destin, ni les statistiques.
L'histoire retiendra que les nouveaux champions d'Afrique doivent leur succès à un jeune de 22 ans, abandonné dix ans auparavant au Bénin par un entraîneur malhonnête, et à un homme qui a vaincu un cancer il y a un an. Le premier, Simon Adingra, meilleur joueur de la finale, le second, Sébastien Haller, buteur décisif en demi-finale et contre le Nigeria, incarnent l'esprit de cette équipe exceptionnelle. Franck Kessié, sur BeIn Sport, a résumé la situation : "Nous étions en mission, nous n'avions plus rien à perdre après la phase de groupes." Ayant tout à gagner, ils ont donc... gagné.